TV5 Monde : Élection présidentielle aux États-Unis : « Si les jeunes et les minorités se mettent à voter, Trump sera balayé ! »
Le président américain Donald Trump avait évoqué ce 30 juillet un possible report de l’élection présidentielle dans une série de tweets, mettant en avant, sans la moindre preuve, des risques de fraude liés au vote par correspondance. Ce vote veut être développé face à l’épidémie de Covid-19. Les tweets de Donald Trump ont provoqué un tollé parmi la classe politique et même au sein de son propre camp politique, celui des Républicains. L’hôte de la Maison blanche s’est rétracté quelques heures plus tard. Erreur politique de la part de président américain, peur d’une mobilisation électorale des jeunes et des minorités ou stratégie de diversion face à des résultats économiques catastrophiques ?
Réponses de Jean-Éric Branaa, universitaire spécialiste de la vie politique des États-Unis. Jean-Éric Branaa est maître de conférences à l’université Paris II. Il est l’auteur d’une biographie de Joe Biden, candidat des démocrates à l’élection présidentielle américaine.
TV5MONDE : Comment interpréter le tweet de Donald Trump suggérant un report de l’élection présidentielle ?
Jean-Éric Branaa : Il ne s’agit pas d’un tweet intempestif. Ce tweet est un acte réUéchi qui a été construit par son équipe de communication. Quelques minutes avant son tweet les chiffres de la croissance trimestrielle étaient annoncés. Et c’est une véritable catastrophe économique, annonçant une chute de plus de 30% sur un trimestre de la richesse nationale produite. C’est du jamais-vu depuis la Grande Dépression des années 30. En janvier dernier, le taux de chômage aux Etats-Unis ne dépassait pas les 3,5%. Il s’agissait d’un record historique. Cette diversion par un tweet a fonctionné puisque la sphère médiatique n’a parlé que de cette histoire de report de l’élection présidentielle. L’annonce des mauvais chiffres économiques est en partie passée à la trappe grâce à ce tweet.
A t-il pris le risque de fragiliser son propre camp ? Des élus républicains se sont désolidarisés des propos de Donald Trump, comme le chef des républicains du Sénat, Mitch McConnell ?
Tous les ténors républicains, en fait, Lindsay Graham ou encore Marc Rubio, ont montré leur désaccord avec Donald Trump. En novembre, l’enjeu présidentiel n’est pas le seul. Les Américains doivent également voter pour élire des gouverneurs, des sénateurs, des maires, des députés de la Chambre des représentants. Plus de 200 000 postes sont à pourvoir. Nous sommes à un peu plus de 90 jours de l’élection présidentielle et on a le sentiment qu’il s’est mis hors-jeu politiquement. En même temps, une partie importante de l’électorat républicain soutient Donald Trump et les ténors du parti républicains ne peuvent pas se passer électoralement de ces électeurs qui votent Trump.
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