Ouest France : L’art de faire parler un mort
En 1943, après avoir pris pied en Afrique du Nord, les Alliés songent à débarquer en Sicile pour reconquérir l’Europe. Seulement, les Allemands y sont bien retranchés. Les Anglais imaginent une incroyable mise en scène. Il s’agit d’abandonner un cadavre depuis un sous-marin pour qu’il s’échoue sur les côtes espagnoles. Et de le faire passer pour celui d’un officier anglais. Il porte des documents ultrasecrets pour faire croire aux Allemands qu’un débarquement en Sicile ne sera qu’une diversion. Les Alliés viseraient en réalité la Sardaigne ou la Grèce.
S’ils tombent dans le panneau, les Allemands déplaceront leurs troupes et dégarniront la Sicile. On glisse dans les poches du cadavre des tickets d’un théâtre de Londres, les lettres d’une fiancée imaginaire. Cet homme étant censé avoir trouvé la mort dans un accident d’avion, au large de l’Espagne, un avis d’obsèques est publié dans un journal.
Avec ce faux nom, William Martin. L’opération est si parfaite que les Allemands ne croient pas à un débarquement massif en Sicile. Ils ont tort. Des milliers de ses compatriotes et de leurs alliés américains auront grâce à lui la vie sauve écrit Ewen Montagu, le cerveau de l’opération, dans L’homme qui n’existait pas. Depuis, la tombe du vrai-faux William Martin est fleurie régulièrement dans le cimetière de Huelva, en Espagne.