Des fictions fortes où traînent les spectres phosphorescents de l’enfance, le souvenir du mal des hommes et la violence d’une réalité sociale qui se confond dans le paysage.
24 heures héro – Saphir Essiaf et Philippe Dylewski
À Charleroi, Arnaud et Nadia vivent et avancent comme des zombies, deux ombres loqueteuses qui se confondent dans un décor gris, triste et au ciel bas. Arnaud et Nadia dorment dans des squats et se shootent à peu près partout dès qu’ils ont une dose. Leur dérive à travers la ville fait remonter à la surface noirâtre de leur quotidien des histoires personnelles où rien n’a fonctionné comme prévu. Élevée dans une famille dysfonctionnelle, Nadia se prostitue pour se payer l’héroïne dont elle ne peut plus se passer. Garçon de bonne famille, étudiant brillant, Arnaud a quitté les siens et fait la manche pour amasser l’argent nécessaire pour s’offrir quelques grammes.
Construit sur une journée – on a malheureusement envie de dire “journée type” – dans les pérégrinations de ce couple de junkies, le roman décrit une réalité violente que l’on voudrait invisibiliser. Le texte est sombre, cru, trash, dérangeant – à l’image des va-et-vient de ces personnages qui, on le sait, ne se promènent pas que dans la fiction.
Nouveau monde, 274 p.