Description
Au printemps 1806, le jeune Louis Bonaparte reçoit de Napoléon un cadeau empoisonné : le trône de Hollande. Un pays qu’il avait découvert lors de la campagne de 1805, en tant que commandant de l’armée de réserve. Quatre ans plus tard, il sera contraint d’abdiquer. La lune de miel entre Napoléon et le petit frère, qu’il avait quasiment élevé et dont il était si fier dans sa jeunesse, est définitivement brisée. À Sainte-Hélène, Napoléon aura des propos très durs : « Courant après une réputation de bienfaisance et de sensibilité, incapable par lui-même de grandes vues, susceptible tout au plus de détails locaux, Louis ne s’est montré qu’un roi-préfet ».
Depuis, l’historiographie française a repris ce jugement et ne s’est guère intéressée à un frère brossé comme peu doué et ingrat de surcroît, comparé à un Napoléon grandiose et génial. Ces jugements à l’emporte-pièce peuvent être revus et corrigés à la lumière de la politique qu’a menée Louis dans sa nouvelle patrie. La tâche n’était pas facile, puisque non seulement, il lui fallait s’imposer auprès de citoyens républicains « frondeurs », tandis qu’il devait satisfaire aux exigences d’une France en guerre. C’est dire aussi qu’il importe de s’intéresser à la politique extérieure de Napoléon, notamment en Hollande et d’étudier les relations entre les deux hommes, puisque, comme ses frères et sœurs, Louis dépendait grandement de la politique menée par l’empereur des Français.
La question est même de savoir si Louis avait la moindre chance de réussir et si quelqu’un d’autre aurait mieux fait à sa place. De là l’intérêt qu’il y a à examiner de près les obstacles que devait surmonter Louis pour devenir un véritable roi de Hollande. Cela permettra non seulement de mieux appréhender comment s’établit une monarchie dans un pays républicain, mais aussi de comprendre quelles étaient les attentes de l’époque du point de vue de la formation de l’État et de la nation, dans un pays de tradition très fédéraliste.