Description
Partant de l’observatoire de la Première Guerre mondiale des chantiers de recherche ont explicitement montré que le réfugié, le déplacé, le déporté incarnaient un objectif central et un nouvel acteur du champ de bataille et de la guerre, plus largement de l’histoire contemporaine occidentale. Les populations non-combattantes et civiles ont fait, malgré elles, irruption dans le champ de bataille. L’étude de l’objet vaut évidemment hors du champ d’étude de la Première Guerre mondiale, pour en élargir les définitions du XVI au XXe siècles.
Les déplacements contraints de population rythment, selon des modalités variant dans le temps et dans l’espace, l’histoire moderne et contemporaine de l’Europe. Ils se manifestent par des expulsions ou par des fuites motivées par des persécutions religieuses, par l’exil consécutif à des persécutions politiques, par des déplacements massifs des temps de guerre et enfin par des phénomènes d’épuration ethnique. Il paraît utile de rapprocher, comparer, distinguer, dans le temps et dans leur morphologie, ces déplacements contraints dans l’histoire européenne en repérant les récurrences sinon les invariants dévoilés par l’approche transversale. Au-delà des faits communs à ces expériences de déracinement, par exemple la contrainte exercée sur l’individu ou l’expérience du déracinement, des traits distinguent ce phénomène de migrations forcées.
Notre démarche, à la croisée de l’histoire des migrations et de la violence de guerre comme politique, campe sur le terrain de l’histoire sociale et culturelle de gens ordinaires qui ont plongé dans l’extraordinaire. Trois thématiques dessinent l’ouvrage : les temps et les contextes ; les espaces et les lieux ; les expériences.