Description
Par ses sélections, les aléas de son organisation et les péripéties de ses palmarès, le Festival de Cannes est un acteur des relations internationales. Il cristallise des enjeux diplomatiques, révèle des mouvements culturels nationaux, mais il exacerbe aussi des crises franco-françaises. La Guerre froide est bien entendu l’époque privilégiée des affrontements idéologiques et culturels et l’histoire du festival se confond alors souvent avec celle de la haute diplomatie pour assurer le fragile équilibre des pays représentés. Dans les années 1960, Cannes est la source de nombreux scandales ou incidents diplomatiques : avec le Japon pour Hiroshima mon amour d’Alain Resnais (1959), l’Espagne pour Viridiana de Bunuel (1961) ou l’Italie pour La Dolce Vita de Fellini (1966), etc. Le Festival fait aussi office de révélateur de crises franco-françaises, en particulier autour de la guerre d’Algérie, sujet traité à maintes reprises dans la sélection, sans jamais laisser indifférent. A l’heure de la Détente, alors que l’édition 1968 du festival a consacré la révolte des réalisateurs, Cannes se libère peu à peu du carcan diplomatique pour mieux mettre en valeur les courants cinématographiques mondiaux. Les enjeux d’affrontements deviennent plus économiques que politiques, comme en témoigne l’ampleur prise par le marché du film.