Description
Sur fond d’intrigues politiques dans l’Egypte de la 6ème dynastie, le jeune et énergique pharaon Merenre II, à peine couronné, s’éprend de Rhodopis, une courtisane à la beauté sans égale, et au cœur resté jusqu’ici insensible à ses nombreux prétendants. Leur passion dévorante le détourne de ses devoirs et choque les Grands Prêtres, déjà offusqués par les prétentions du pharaon à confisquer les biens du clergé.
Rhodopis règne sur l’île de Bija, dans le Nil, au large de Abou, où elle reçoit quotidiennement dans son château blanc ses nombreux soupirants parmi lesquels elle choisit un amant pour la nuit. Parmi les hommes qui défilent dans son château on dénombre des philosophes, des artistes, des poètes, des politiciens, et même, on l’apprend un peu plus tard, le commandant en chef de la garde pharaonique, Taho. Mais la belle Rhodopis n’aime personne, et son ‘cœur de pierre’ condamne au martyr tout homme qui poserait les yeux sur elle.
A l’histoire d’amour qui s’annonce, se mêle une lutte pour le pouvoir entre le clergé et le pharaon. Merenre II, lassé de voir les prêtres se partager ses terres sous prétexte de construire des temples, décide de ne plus permettre cette dilapidation de sa richesse. Cette mesure drastique est tout à fait inhabituelle, et le premier ministre Ramon Khatb, grand prêtre prévient le pharaon des risques que représente cette entreprise, alors que les Grands Prêtres sollicitent la sœur et épouse du pharaon, la reine Nitocris, qui voit d’un mauvais œil la passion de Menrere pour Rhodopis… De son côté le jeune pharaon renvoie son ministre, et le remplace par le sage Sofkhateb, son ami et seul homme de confiance. Mais suffira-t-il à prévenir les complots qui s’annoncent ?
De moment fort en moment fort, toutes les pièces se mettent en place pour le drame final. La tension monte en crescendo jusqu’à atteindre son paroxysme, lors de la réunion des gouverneurs et des prêtres le soir de la fête du Nil. Personnages pris au piège entre devoir et passion, grandeur d’âme, courage, et destin implacable donnent à ce roman un souffle classique. Mais certaines situations semblent si familières, qu’on oublierait presque que l’action se situe en Egypte ancienne. Sous la plume de Naguib Mahfouz, les nombreuses figures de style et images très classiques évitent toujours le cliché, et donnent au texte beaucoup de poésie.
Traduit de l’arabe (Egypte) par Pierre Lafrance et Yahya Cheikh.