Description
Le 14 juillet 1790, toute la France révolutionnaire se réunissait au Champ-de-Mars pour célébrer la prise de la Bastille et l’unité retrouvée d’un pays marchant vers une ère nouvelle. Mais à peine les lumières de la fête parisienne éteintes, Mirabeau se mit au travail pour préparer un rapport sur les « fêtes nationales » et choisir les dates et les thèmes à célébrer dans cette nouvelle France des Droits de l’Homme. Ainsi s’ouvrit une longue ère d’intenses commémorations qui vit la fixation des principales fêtes nationales comme le 14 juillet, la fête de Jeanne d’Arc ou le 11 novembre qui incarnèrent toutes plus ou moins la patrie jusqu’à nos jours.
Un peu plus de deux siècles plus tard, pendant toute une année, du 2 décembre 2005 (bicentenaire de la victoire d’Austerlitz) au 14 octobre 2006 (bicentenaire de la victoire de Iéna), les polémiques sur les célébrations et les fêtes firent pourtant de nouveau rage. On s’empoignait, on s’interrogeait sur les objectifs et la définition même de la politique festive du pays. C’était l’incertitude qui prévalait à présent : que devait-on célébrer, quel héros devait-on fêter ? Quelle serait la fonction de la mémoire dans l’identité de notre pays et la place de l’idée de nation dans les fêtes du début du xxie siècle ? Autrement dit devait-on continuer à célébrer et à incarner la nation dans des fêtes en ces temps de mondialisation et de réveil communautariste ?
L’auteur montre que l’histoire de ces fêtes nationales permet de mieux comprendre ce qui bâtit l’identité de la France et comment la culture festive peut à la fois souder le pays autour de ses dirigeants, incarner la nation, être objet de contestation et, en définitive, servir de boussole assez stable pour tous les Français. Pour cela, il analyse le langage de la fête, ses symboles, ses techniques de mise en scène, bref une « culture de la fête » qui perdure depuis 200 ans et séduit toutes les classes sociales grâce à l’ensemble des moyens d’information et de propagande, depuis les pamphlets du xviiie siècle à Internet, en passant par la radio et le cinéma.